Bruno Hudry, lauréat de la médaille de bronze du CNRS 2024
Bruno Hudry étudie l'impact des chromosomes sexuels sur le développement et le fonctionnement des organes chez la drosophile. Le chercheur de l’Institut de Biologie Valrose - iBV (CNRS/Inserm/UniCA) est récompensé par la médaille de bronze du CNRS 2024.
Avec son équipe de l’iBV, Bruno Hudry a démontré que toutes les cellules de notre corps ont un sexe. Leurs recherches s’appuient sur le modèle de la drosophile dans lequel il est possible de changer le sexe d’organes spécifiques de façon inductible. « Nos outils nous permettent de rendre des cellules femelles chez le mâle et inversement. Nous pouvons retirer le chromosome Y chez les mâles, en ajouter un deuxième, jouer sur leur taille, etc. Ces manipulations nous aident à mieux comprendre le rôle des chromosomes sexuels dans différents tissus », décrit Bruno Hudry. Comment ces chromosomes peuvent-ils influencer le développement et la physiologie de nos organes ?
L’équipe du chercheur travaille notamment sur le tube digestif. « Le renouvellement cellulaire de l'intestin est un processus continu et rapide. Nous avons montré que dans ce tissu les chromosomes sexuels induisent un taux de prolifération - et donc de renouvellement de l’organe - plus important chez les femelles que chez les mâles », explique le biologiste. Ces résultats expliquent l’origine du dimorphisme entre les sexes, avec un organe plus grand chez les femelles. Ils expliquent aussi, en partie, la prédisposition de ces dernières à développer des tumeurs. En changeant le sexe des cellules de l’intestin, les chercheurs ont pu changer leur comportement. En parallèle, leurs recherches ont également démontré que le chromosome Y n’est pas porteur d’une toxicité qui réduirait l’espérance de vie des mâles comme cela était supposé.
L’équipe de Bruno Hudry poursuit actuellement des études sur l’impact des chromosomes sexuels sur le développement et la taille du cerveau. « Nos travaux montrent à quel point les différences sexuelles sont complexes. Il n’y a pas de réponse simple, mais des mosaïques de mécanismes mêlant génétique, hormone, etc. », précise le chercheur. La grande question qui anime son équipe désormais est d’identifier les acteurs moléculaires sous-jacents aux effets des chromosomes déjà mis en avant.